Pourquoi les hommes trompent-ils leur femme ? Qu’est-ce qui les pousse à mettre en péril la sécurité d’une relation à deux pour une aventure, souvent sans lendemain ? Trois hommes ont accepté d’éclairer notre lanterne en témoignant.
L’accident de parcours : Stéphane, 43 ans, marié depuis 12 ans
» Quand j’ai rencontré ma femme, Isabelle, on était encore étudiants. Très vite, on a pris un appartement ensemble, et on a fini par se marier. Quand notre fille aînée, Margot, est née, on était déjà installés depuis un bon bout de temps dans notre relation. Tous nos amis nous considéraient comme un couple parfaitement équilibré, ce qui, dans un sens, était vrai. Avec Isabelle, j’ai toujours pu parler de tout. Les choses ont commencé à changer après la naissance de Clémentine, notre deuxième fille, quand Isabelle a fait une sorte de dépression post-partum. Elle est devenue sombre, renfermée, elle s’est repliée sur elle-même. Elle ne trouvait plus d’intérêt à rien, ni à son boulot, ni à notre vie de famille, ni à tout ce qu’on avait partagé depuis notre rencontre. Jusqu’à présent, dans notre relation, c’était plutôt elle le boute-en-train, celle qui me poussait en avant, qui m’encourageait à prendre des risques. Sans ses conseils et son insistance, jamais je ne me serais résolu, il y a quelques années, à quitter mon poste d’employé pour monter ma propre entreprise. Isabelle, en quelque sorte, c’était mon moteur, en même temps qu’une compagne toujours joyeuse, avec qui je profitais de la vie, même au bout de quinze ans de relation. Et puis, du jour au lendemain, tout cela a été terminé. Il a fallu que je m’occupe des filles, en particulier du bébé, dont elle était incapable de s’occuper. Je me suis retrouvé face à une totale inconnue, avec qui c’était devenu presque impossible de communiquer. Pourtant, pris dans la gestion de la maison, des filles, les soucis de mon entreprise et ceux de la santé d’Isabelle, je n’avais même pas le temps de souffrir, je ne réalisais pas vraiment ce qui se passait, je crois. Et puis un jour, mon chemin a croisé celui d’Elsa, une femme qui travaillait dans une boîte partenaire de la mienne. Une femme chaleureuse, pleine de vie, qui m’a fait prendre la mesure de ce que j’avais perdu. Pourtant, notre histoire a été extrêmement brève. Paradoxalement, c’est en trompant Isabelle avec une femme qui ressemblait à ce qu’elle avait été et que j’avais aimé chez elle que j’ai décidé de tout mettre en oeuvre pour la reconquérir et l’aider à sortir de sa crise. J’ai compris qu’elle avait besoin de moi, qu’elle ne m’avait pas vraiment rejeté, que je lui manquais sans doute autant qu’elle me manquait. Sans Elsa, je n’aurais peut-être pas eu le courage de l’aider à guérir « .
Le dragueur chronique : Diego, 37 ans, en couple depuis 5 ans
» Vous me demandez ce qui me pousse à tromper ma femme ? Oui, je l’aime, je suis bien avec elle et je n’ai aucune envie de la quitter. Le problème, c’est que j’aime les femmes aussi… toutes les autres femmes ! Non seulement j’ai toujours refusé l’idée que me mettre en couple avec Valérie signifiait devoir renoncer à faire des conquêtes, mais je ne pourrais pas vivre sans ce sentiment de perpétuel recommencement que me donnent mes histoires avec des femmes de passage. Vous savez, cette excitation violente qu’on ressent, dans les tous premiers moments d’une relation, quand on sent que son attirance est réciproque, et qu’il va se passer quelque chose ? Moi, c’est mon moteur, ce qui me permet de me sentir vivant malgré la routine, le temps qui passe, les préoccupations quotidiennes. Si ma route croise celle d’une femme qui me plaît, pourquoi devrais-je renoncer à la séduire, du moment qu’on est tous les deux d’accord sur le principe, et que ma compagne n’en souffre pas ? Mes aventures d’un soir sont ce qui me permet de me sentir vivant même au sein de mon couple. Elles sont l’étincelle qui relance ma libido avec Valérie et qui, indirectement, nous met juste assez danger, elle et moi, pour stimuler mon envie de préserver et d’entretenir notre relation. Oui, je sais : je joue avec le feu. Mais ne vous y trompez pas : ma femme n’est pas dupe. Même si on n’en parle jamais, c’est comme si elle m’avait donné son accord implicite pour aller voir ailleurs de temps en temps. Premièrement, elle n’est pas spécialement portée sur le sexe et je pense que ça l’arrange que j’aille voir ailleurs, ce ne soit pas forcément avec elle que j’assouvisse mes fantasmes. Deuxièmement, elle sait, elle sent, que mes tromperies sont l’ingrédient nécessaire à notre couple pour aller de l’avant. Si elle me faisait des reproches, que je la voyais souffrir, j’arrêterais. Mais ce serait peut-être la mort de notre couple. Elle préfère sûrement que je la trompe plutôt que je la quitte… et, pour l’instant, moi aussi « .
L’infidèle fidèle : Jean-Marc, 55 ans, marié depuis 29 ans
» Quand j’ai épousé Patricia, il y a presque trente ans, on avait tout les deux une idée très précise de ce qu’on attendait de la vie : elle, elle voulait fonder une famille, moi, je voulais bâtir ma carrière. Je suis un homme d’affaires, je suis à la tête d’une grosse entreprise et je n’ai jamais eu de cesse qu’elle ne se développe et ait un poids important dans le monde des affaires. On était un peu la famille classique, ma femme qui se consacrait aux enfants et à la maisonnée, moi à mes contrats, mes clients potentiels, mes budgets. Pendant des années, Patricia et moi, nous nous sommes croisés, finalement, plutôt que vraiment rencontrés. Pourtant, aucun de nous deux n’y trouvait à redire. On était toujours heureux de se retrouver le soir, on discutait des enfants, de la boîte… c’était une interlocutrice idéale et une mère parfaite. Et puis, il y a une dizaine d’années, nos enfants ont quitté la maison. Ma société était solide, je pouvais me permettre d’y consacrer moins de temps. C’est alors que je me suis rendu compte qu’il me manquait quelque chose de fondamental : une femme qui soit aussi ma complice, une compagne aimante, chaleureuse, qui ait envie d’être avec moi pour d’autres raisons que celles du foyer. Après quelques aventures plutôt décevantes, j’ai rencontré Marie. Notre histoire dure depuis maintenant quatre ans. C’est une artiste, une femme indépendante qui tient à sa liberté et dont la priorité n’est pas de vivre avec un homme, mais de partager avec lui des moments privilégiés, en dehors du quotidien. De fil en aiguille, un équilibre s’est créé entre ma vie avec Patricia et mes week-ends et mes soirées avec Marie. Si Patricia se doute de quelque chose, elle ne m’a jamais rien dit. Elle sait que je ne la quitterai pas et la paix du foyer est primordiale pour elle comme pour moi. Marie, elle, m’a ouvert l’horizon. C’est une compagne stimulante et pleine de vie. Je ne pourrais plus me passer d’aucune d’elles deux « .